Fin du recrutement facile en immobilier ? Ce que le décret sur la formation va changer

Le Conseil d’État impose enfin la publication du décret encadrant la formation des collaborateurs en immobilier, attendu depuis 2014. Cette décision pourrait transformer l’accès au métier : renforcement des compétences, impact sur les réseaux de mandataires et nouvelles exigences pour les futurs professionnels. Cet article décrypte les enjeux, les scénarios possibles et les conséquences pour le marché. Une régulation nécessaire ou un frein à l’accessibilité ? Décryptage complet.

Stéphane Brousse

3/1/20253 min read

formation obligatoire loi ALUR
formation obligatoire loi ALUR
Introduction : Un tournant pour la profession

Le Conseil d’État a récemment statué : le gouvernement a six mois pour publier un décret encadrant la formation initiale des collaborateurs en immobilier. Cette décision, attendue depuis la loi ALUR de 2014, vient mettre fin à un vide juridique qui a laissé place à une profession en pleine mutation.

Derrière cette avancée, un débat sous-jacent divise la profession : faut-il renforcer l’encadrement et la professionnalisation, ou préserver un accès plus souple à un secteur en pleine expansion, notamment porté par les réseaux de mandataires ?

Dans cet article, nous analysons les implications de ce décret pour les acteurs du marché, les opportunités qu’il crée et les défis qu’il pose.

1. Retour sur la loi ALUR et ses lacunes

En 2014, la loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové) prévoyait déjà que les collaborateurs habilités à négocier, s’entremettre ou s’engager pour un agent immobilier justifient d’une compétence professionnelle initiale définie par décret.

Problème : ce décret n’a jamais vu le jour.

Conséquence directe ?

  • Des recrutements souvent faits sans formation obligatoire préalable.

  • Une montée en puissance des réseaux de mandataires, permettant à de nombreux professionnels d’accéder au marché sans le cadre d’une agence traditionnelle.

  • Une hétérogénéité dans la qualité de service, certains professionnels étant bien formés, d’autres non.

Avec cette nouvelle décision du Conseil d’État, l’État n’a plus le choix : il doit clarifier ces conditions d’accès.

2. Pourquoi la FNAIM pousse pour ce décret ?

La Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) milite depuis des années pour une meilleure régulation du métier. Selon son président, Loïc Cantin :

« Cette décision marque une victoire essentielle pour la profession et pour la qualité du service rendu aux clients. Il était impératif d’encadrer la formation initiale des collaborateurs afin de garantir un niveau de compétence et de professionnalisme à la hauteur des exigences du métier. »

🔍 Les raisons derrière cette prise de position :
✅ Améliorer la crédibilité et la professionnalisation du secteur.
✅ Assurer un niveau de service homogène pour les clients.
✅ Lutter contre la concurrence des réseaux de mandataires, perçus comme moins encadrés.

3. Réseaux de mandataires : une remise en question de leur modèle ?

Depuis plusieurs années, les réseaux de mandataires connaissent une croissance fulgurante. Leur force ?

  • Un accès au métier facilité, avec une formation souvent courte et flexible.

  • Une rémunération plus attractive grâce à un modèle basé sur des commissions élevées.

  • Un fonctionnement 100% digitalisé, sans agence physique.

Ce décret pourrait remettre en cause leur modèle en imposant des conditions d’entrée plus strictes.

🎯 Les impacts possibles :
1️⃣ Formation obligatoire et plus longue → Moins d’entrants rapides sur le marché.
2️⃣ Examen ou certification nécessaire → Sélection plus rigoureuse des candidats.
3️⃣ Encadrement plus strict des pratiques → Des règles qui rapprocheraient les mandataires des agents immobiliers classiques.

Les réseaux devront s’adapter… ou voir leur croissance ralentir.

4. Quelles pourraient être les nouvelles conditions d’accès ?

Le décret étant encore en attente, plusieurs scénarios sont possibles :

📌 Scénario 1 : Formation courte obligatoire (exemple : 50h à 100h)

  • Une simple mise à niveau pour garantir des bases solides.

  • Un impact modéré sur le marché.

📌 Scénario 2 : Certification ou diplôme obligatoire

  • Une barrière plus forte à l’entrée.

  • Un rapprochement avec les conditions des agents traditionnels.

📌 Scénario 3 : Création d’un examen d’entrée national

  • Une régulation plus stricte, à l’image de certaines professions réglementées.

  • Un choc pour les réseaux de mandataires qui misent sur la rapidité de recrutement.

👉 Quel que soit le scénario, l’accès au métier va se complexifier.

5. Quels impacts pour les futurs entrants dans la profession ?

🎯 Si vous souhaitez vous lancer dans l’immobilier en tant que collaborateur ou mandataire, voici ce que cela change pour vous :

Anticipez les nouvelles règles : Se former dès maintenant avant l’application du décret peut être un atout.
Optez pour des formations reconnues : Un diplôme ou une certification pourrait devenir obligatoire.
Préparez-vous à plus de concurrence : Moins d’entrants signifie que seuls les plus motivés réussiront.

💡 Bon à savoir : Les agents déjà en activité ne devraient pas être concernés, mais les nouvelles recrues devront s’adapter aux nouvelles règles.

Conclusion : Une profession en mutation

Avec ce décret imminent, l’immobilier entre dans une nouvelle ère.

  • La FNAIM se félicite d’une avancée qui renforce la crédibilité du métier.

  • Les réseaux de mandataires devront repenser leur modèle.

  • Les futurs entrants devront s’adapter à des exigences plus strictes.

La grande question qui reste : ce décret sera-t-il un simple cadre de formation ou un véritable filtre à l’entrée ?