Les nouvelles obligations DPE 2025 : Guide complet pour agents immobiliers | Formation

Découvrez toutes les obligations DPE 2025 pour agents immobiliers : nouvelles règles, sanctions, conseils pratiques et stratégies commerciales adaptées.

Stéphane Brousse

8/6/202512 min read

blog DPE
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Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) connaît une nouvelle évolution majeure en 2025, bouleversant une fois de plus les pratiques des professionnels de l'immobilier. Après la réforme de 2021 qui a rendu le DPE opposable et introduit de nouvelles méthodes de calcul, les obligations se renforcent considérablement cette année. Pour les agents immobiliers, mandataires et négociateurs, maîtriser ces nouvelles règles n'est plus une option mais une nécessité absolue pour exercer sereinement et éviter les sanctions qui se durcissent.

Dans un contexte où la transition énergétique devient un enjeu central du marché immobilier, avec près de 5 millions de passoires thermiques en France et des acheteurs de plus en plus sensibilisés aux questions énergétiques, la compréhension fine du DPE devient un avantage concurrentiel décisif. Les professionnels qui sauront naviguer dans cette nouvelle réglementation et conseiller efficacement leurs clients se démarqueront nettement sur un marché de plus en plus exigeant.

Le DPE en 2025 : rappel des fondamentaux et évolutions majeures
Qu'est-ce que le DPE nouvelle génération ?

Le Diagnostic de Performance Énergétique reste un document obligatoire qui évalue la consommation énergétique d'un logement et son impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre. Valable 10 ans, il classe les biens immobiliers de A (très performant) à G (passoire thermique). Depuis juillet 2021, le DPE est devenu pleinement opposable juridiquement, ce qui signifie que l'acquéreur ou le locataire peut se retourner contre le vendeur, le bailleur ou l'agent immobilier en cas d'erreur.

La méthode de calcul unifiée, dite "3CL-DPE 2021", prend désormais en compte cinq postes de consommation : chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage et auxiliaires (ventilation, pompes). Cette approche plus complète donne une vision plus juste de la performance réelle du logement, mais complexifie aussi l'interprétation des résultats pour les non-initiés.

Les changements majeurs introduits en 2025

L'année 2025 marque un tournant avec plusieurs évolutions réglementaires significatives. Premièrement, l'audit énergétique devient obligatoire pour tous les logements classés F et G en monopropriété, s'ajoutant à l'obligation déjà existante pour les ventes. Cette mesure touche potentiellement 2 millions de logements supplémentaires sur le marché locatif.

Deuxièmement, les seuils de performance énergétique sont révisés avec une attention particulière portée aux logements de petite surface. Le nouveau mode de calcul corrige certains biais qui pénalisaient injustement les studios et petits appartements, entraînant potentiellement le reclassement de près de 140 000 logements.

Troisièmement, la réglementation introduit l'obligation de mentionner le montant estimé des travaux de rénovation énergétique pour atteindre au minimum la classe E dans toute annonce immobilière concernant un bien classé F ou G. Cette estimation doit être réalisée par un diagnostiqueur certifié et actualisée selon les indices du bâtiment.

Les nouvelles obligations légales pour les transactions immobilières
Affichage obligatoire renforcé dans les annonces

Depuis le 1er janvier 2025, les obligations d'affichage dans les annonces immobilières se sont considérablement étoffées. Au-delà de la classe énergétique et climatique déjà obligatoires, il faut désormais intégrer systématiquement le montant estimé des dépenses énergétiques annuelles en euros, calculé sur la base des prix moyens de l'énergie de l'année précédente.

Pour les passoires thermiques (classes F et G), l'annonce doit obligatoirement comporter la mention "Logement à consommation énergétique excessive" en caractères de taille égale à celle du prix. Cette mention doit être accompagnée d'un encadré informatif précisant les restrictions à venir concernant la location de ces biens et l'estimation du coût des travaux de rénovation énergétique.

Les supports numériques doivent également intégrer un lien cliquable vers le DPE complet hébergé sur le site de l'ADEME, permettant aux potentiels acquéreurs ou locataires d'accéder à l'ensemble des informations détaillées du diagnostic. Cette transparence accrue vise à responsabiliser tous les acteurs de la transaction.

Conseil renforcé et devoir d'information

Le devoir de conseil de l'agent immobilier s'intensifie significativement en 2025. Pour tout bien classé D, E, F ou G, le professionnel doit obligatoirement remettre à l'acquéreur potentiel une fiche d'information standardisée détaillant les aides financières disponibles pour la rénovation énergétique : MaPrimeRénov', éco-PTZ, CEE, aides locales. Cette fiche doit être personnalisée selon le profil de l'acquéreur (revenus, composition du foyer) et actualisée trimestriellement.

L'agent doit également documenter par écrit les échanges concernant la performance énergétique du bien. Un nouveau formulaire obligatoire, le "Compte-rendu d'Information Énergétique" (CIE), doit être signé par le client après la première visite, attestant que les informations sur le DPE et ses implications ont bien été communiquées et comprises.

Interdictions de location : calendrier actualisé

Le calendrier des interdictions de location se précise et s'accélère. Depuis 2023, les logements consommant plus de 450 kWh/m²/an en énergie finale sont interdits à la location. Au 1er janvier 2025, cette interdiction s'étend à l'ensemble des logements classés G+, soit environ 90 000 logements supplémentaires.

À partir de 2028, tous les logements classés G seront interdits à la location, suivis des logements F en 2034. Ces échéances créent une pression importante sur le marché locatif, avec une estimation de 1,8 million de logements concernés à terme. Les propriétaires bailleurs sont donc incités à anticiper ces échéances pour éviter de voir leur bien devenir inlouable.

Pour les agents immobiliers, cette situation crée à la fois des défis et des opportunités. La gestion des biens énergivores nécessite une approche spécifique, combinant expertise technique, conseil en financement de travaux et négociation adaptée aux contraintes réglementaires.

Impact sur la valorisation des biens et stratégies de négociation
La décote énergétique : une réalité chiffrée

Les études récentes confirment l'impact croissant du DPE sur les prix de l'immobilier. En 2025, la décote moyenne pour une passoire thermique atteint 15 à 20% par rapport à un bien équivalent classé D, avec des variations importantes selon les zones géographiques. Dans les métropoles tendues, cette décote peut être partiellement compensée par la tension du marché, tandis qu'en zone rurale, elle peut dépasser 25%.

Cette décote n'est plus uniforme mais suit une courbe exponentielle. Le passage de E à F entraîne une décote moyenne de 7%, tandis que le passage de F à G génère une décote supplémentaire de 12%. Ces chiffres, essentiels pour l'évaluation et la négociation, doivent être maîtrisés par tout professionnel de l'immobilier.

Paradoxalement, les biens performants (A et B) bénéficient d'une surcote qui s'accentue, atteignant jusqu'à 10% dans certains marchés. Cette polarisation du marché crée des opportunités pour les agents capables de valoriser efficacement la performance énergétique ou, à l'inverse, de transformer une contrainte en opportunité d'investissement.

Techniques de négociation adaptées

Face à un bien énergivore, la négociation doit intégrer systématiquement le coût de la rénovation énergétique. L'agent doit être capable de présenter un "prix global d'acquisition" incluant le prix d'achat et le coût des travaux nécessaires pour atteindre au minimum la classe E. Cette approche transparente permet de rassurer l'acquéreur tout en justifiant une négociation sur le prix initial.

Pour les vendeurs de passoires thermiques, trois stratégies principales s'offrent à eux : réaliser les travaux avant la vente pour maximiser le prix, proposer une vente avec travaux financés (le vendeur déduit le coût des travaux du prix mais l'acquéreur les réalise), ou accepter une décote significative pour une vente rapide. L'agent doit être capable de chiffrer précisément chaque scénario et d'orienter son client vers la solution la plus adaptée à sa situation.

La négociation doit également anticiper les évolutions réglementaires futures. Un bien classé E aujourd'hui pourrait basculer en F avec un prochain durcissement des seuils. Cette anticipation devient un argument de négociation, particulièrement pour les investisseurs qui doivent projeter la rentabilité de leur bien sur plusieurs années.

Les sanctions en cas de non-respect : ce qui change en 2025
Amendes et sanctions administratives

Le dispositif de sanctions se durcit considérablement en 2025. L'absence d'affichage du DPE dans une annonce immobilière est désormais passible d'une amende de 3 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une personne morale, soit un triplement par rapport aux montants précédents. Ces amendes sont cumulables en cas de manquements multiples sur différentes annonces.

La fourniture d'informations erronées ou trompeuses sur la performance énergétique peut entraîner des sanctions allant jusqu'à 37 500 euros d'amende et 2 ans de prison. Les agents immobiliers peuvent voir leur responsabilité engagée solidairement avec le vendeur ou le bailleur s'il est prouvé qu'ils avaient connaissance du caractère erroné des informations.

La DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a annoncé un plan de contrôle renforcé pour 2025, avec un objectif de 10 000 contrôles sur l'année, soit une multiplication par quatre par rapport à 2024. Les contrôles cibleront prioritairement les annonces en ligne et les agences gérant un volume important de passoires thermiques.

Responsabilité civile et professionnelle

Au-delà des sanctions administratives, la responsabilité civile des agents immobiliers est de plus en plus fréquemment engagée. Les tribunaux reconnaissent désormais systématiquement le préjudice subi par un acquéreur ou un locataire en cas de DPE erroné ou de défaut d'information sur les implications d'une mauvaise performance énergétique.

Les assurances responsabilité civile professionnelle ont adapté leurs conditions, avec des franchises majorées pour les sinistres liés au DPE et des exclusions de garantie en cas de négligence caractérisée. Il devient donc crucial pour les agents de documenter méticuleusement leur devoir de conseil et de vérifier systématiquement la cohérence des DPE transmis.

La jurisprudence récente établit une présomption de responsabilité de l'agent en cas de DPE manifestement incohérent (variation de plus de deux classes avec un DPE précédent, incohérence flagrante entre la description du bien et sa classification). L'agent ne peut s'exonérer de sa responsabilité qu'en prouvant avoir alerté expressément son client sur ces incohérences.

Conseils pratiques pour les agents immobiliers
Formation et montée en compétences

La complexité croissante de la réglementation DPE nécessite une formation continue des équipes. Les agents doivent être capables de lire et interpréter un DPE dans ses moindres détails, identifier les leviers d'amélioration énergétique et chiffrer approximativement le coût des travaux. Une formation spécialisée sur le DPE et la rénovation énergétique devient un investissement indispensable pour maintenir sa compétitivité.

La maîtrise des aides financières à la rénovation constitue un autre axe de formation prioritaire. MaPrimeRénov', les Certificats d'Économies d'Énergie, l'éco-PTZ, les aides locales forment un écosystème complexe en constante évolution. L'agent capable de naviguer dans ces dispositifs et d'orienter efficacement ses clients dispose d'un avantage concurrentiel significatif.

La veille réglementaire doit devenir systématique. Les évolutions sont fréquentes et les délais d'application souvent courts. La mise en place d'un système de veille structuré, avec des points réguliers en équipe et des procédures actualisées, permet d'éviter les erreurs coûteuses et de maintenir un niveau d'expertise reconnu par les clients.

Outils et ressources indispensables

Plusieurs outils digitaux facilitent la gestion du DPE au quotidien. Les plateformes de vérification automatique des annonces permettent de s'assurer de la conformité réglementaire avant publication. Les simulateurs de rénovation énergétique offrent une première estimation des travaux et de leur impact sur la classification du bien. Les bases de données DPE de l'ADEME permettent de comparer les performances d'un bien avec les moyennes locales.

La constitution d'un réseau de partenaires spécialisés devient stratégique. Diagnostiqueurs certifiés de confiance, entreprises RGE pour les travaux, courtiers spécialisés dans le financement de la rénovation, conseillers France Rénov' : ces partenariats permettent d'offrir un service complet et rassurant aux clients confrontés aux enjeux énergétiques.

La documentation client doit être repensée. Fiches explicatives sur le DPE, guides des aides à la rénovation, check-lists pour la vente de passoires thermiques : ces supports pédagogiques renforcent la position d'expert de l'agent et facilitent la prise de décision des clients. Leur actualisation régulière est essentielle pour maintenir leur pertinence.

Argumentaires de vente adaptés

Pour les biens performants (A, B, C), l'argumentaire doit quantifier précisément les économies d'énergie réalisables. Au-delà du montant en euros, il faut traduire ces économies en termes concrets : équivalent en mois de charges, budget libéré pour d'autres projets, contribution à la transition écologique. La valorisation patrimoniale à long terme, dans un contexte de durcissement prévisible de la réglementation, constitue un argument de poids pour les investisseurs.

Pour les passoires thermiques, l'approche doit être radicalement différente. L'accent est mis sur le potentiel du bien après rénovation, avec des simulations précises du retour sur investissement. Les success stories de rénovations réussies, avec photos avant/après et témoignages clients, permettent de transformer une contrainte apparente en opportunité d'investissement.

L'argumentaire doit systématiquement intégrer une dimension temporelle. Les échéances réglementaires à venir, l'évolution prévisible des prix de l'énergie, l'anticipation des futures normes permettent de créer un sentiment d'urgence maîtrisé, favorable à la prise de décision. Cette projection dans l'avenir distingue le professionnel expert du simple intermédiaire.

Les opportunités commerciales liées au DPE
Développer une expertise différenciante

La spécialisation dans l'immobilier énergétique devient une niche porteuse. Certains agents se positionnent comme experts de la rénovation énergétique, accompagnant leurs clients de l'acquisition à la réalisation des travaux. Cette expertise approfondie permet de facturer des honoraires premium et de fidéliser une clientèle en recherche de conseil expert.

Le développement de mandats spécifiques "rénovation énergétique" offre de nouvelles perspectives. L'agent pilote l'ensemble du projet : évaluation initiale, recherche de financement, coordination des travaux, commercialisation du bien rénové. Ce service complet génère des commissions substantielles tout en apportant une vraie valeur ajoutée au client.

La création de partenariats avec des investisseurs spécialisés dans l'achat et la rénovation de passoires thermiques ouvre un marché spécifique. L'agent devient un véritable chasseur de biens à fort potentiel de valorisation, avec une rémunération indexée sur la plus-value générée. Cette approche nécessite une excellente connaissance du marché local et des coûts de rénovation.

Services complémentaires à forte valeur ajoutée

L'accompagnement au montage des dossiers d'aides financières devient un service apprécié et rémunérateur. La complexité administrative décourage de nombreux propriétaires, créant une opportunité pour les agents formés. Ce service peut être facturé indépendamment ou intégré dans une offre globale d'accompagnement.

L'organisation de réunions d'information sur la transition énergétique positionne l'agence comme référence locale sur le sujet. Ces événements, animés avec des partenaires experts (diagnostiqueurs, entreprises RGE, conseillers France Rénov'), génèrent des contacts qualifiés tout en renforçant la notoriété de l'agence.

Le développement d'une offre de conseil en stratégie patrimoniale énergétique répond aux besoins des investisseurs et propriétaires de plusieurs biens. L'analyse du parc immobilier, la priorisation des travaux, l'optimisation fiscale de la rénovation constituent autant de services à haute valeur ajoutée qui fidélisent une clientèle premium.

Conclusion : anticiper pour mieux accompagner

L'année 2025 marque indéniablement un tournant dans la prise en compte de la performance énergétique dans l'immobilier. Les nouvelles obligations DPE, loin d'être de simples contraintes réglementaires, redéfinissent profondément le métier d'agent immobilier. La maîtrise de ces évolutions devient un facteur clé de succès dans un marché en pleine mutation.

Les professionnels qui sauront transformer ces contraintes en opportunités, en développant une expertise pointue et des services adaptés, se démarqueront durablement. La transition énergétique du parc immobilier français, estimée à 500 milliards d'euros sur les 20 prochaines années, représente un marché considérable pour les agents préparés.

L'investissement dans la formation continue, la constitution de réseaux de partenaires spécialisés et le développement d'outils adaptés constituent les fondations d'une pratique professionnelle pérenne. Face à des clients de plus en plus informés et exigeants, seuls les agents véritablement experts en performance énergétique conserveront leur légitimité et leur valeur ajoutée.

La réglementation continuera d'évoluer, avec des échéances déjà fixées jusqu'en 2034 et des durcissements prévisibles au-delà. Cette visibilité à long terme offre paradoxalement une opportunité unique : celle de construire dès aujourd'hui l'expertise qui fera la différence demain. Les agents immobiliers qui embrassent pleinement cette transformation énergétique ne subissent plus le changement, ils l'anticipent et en font un levier de croissance.

Dans ce contexte, la formation continue devient plus que jamais stratégique. Comprendre les subtilités du DPE, maîtriser les dispositifs d'aide, savoir conseiller efficacement ses clients sur la rénovation énergétique : ces compétences constituent le nouveau socle indispensable de la profession. Les agences qui investissent dans la montée en compétences de leurs équipes prennent une longueur d'avance décisive sur un marché en pleine recomposition.